lundi 27 juin 2016

L'hopital san carlos

 ALTAMIRANO


A 90 kms de San Cristobal, cette ville de 15000 habitants a des allures de gros village avec ses rues en mauvais état bordées d'échoppes qui convergent au « zocalo », place principale où siègent l'hôtel de ville et la police fédérale, face à l'église.

L'HOPITAL SAN CARLOS, de la Fondation des OEuvres de Saint Vincent de Paul, tenu par une dizaine de Religieuses de la Charité, nous accueille.

C'est un lieu surprenant, à l'architecture originale, plein de couleurs, de végétation et de vie. On est très loin de nos hôpitaux formatés. Des petites unités de plain-pied sont reliées par des couloirs extérieurs pavés de mosaïque et des patios verdoyants. L'hôpital est très bien entretenu et les gens semblent attendre sereinement qu'on s'occupe d'eux.

Soeur Rosario, sa directrice, se met tout de suite à notre disposition, entourée de deux médecins, Dr Elena Y et Dr Francisco, en charge du Programme de nutrition de SOL_ES.

Elle nous décrit le fonctionnement de l'Hôpital, soutenu par plusieurs ONG, nous précisant que les déficits sont couverts par les dons des différentes Associations, soit des dons d'argent, soit des aides directes pour des projets précis tels que la lutte contre la tuberculose.

A l'Hôpital, 99% des patients sont indigènes et viennent de loin; ils partent parfois au milieu de la nuit pour arriver au matin. Ils viennent jusqu'ici parce qu'ils savent qu'ils seront bien reçus même s'ils n'ont pas de ressources et ne parlent pas espagnol. La consultation coûte 50 pesos (2,80euros), les spécialistes 100 pesos(un peu plus de 5 euros). Si la facture est trop élevée, ils peuvent payer en plusieurs fois ou en nature avec un produit agricole. On ne les encourage surtout pas à emprunter pour payer leurs soins. Les médicaments sont vendus au plus juste prix.

Soeur Rosario et Soeur Edith nous font visiter l'Hôpital :

· Les archives, où sont répertoriées 800 communautés, avec des dossiers classés par couleurs (maladies) et par patient.

Le rôle des Travailleuses sociales, parlant le tzotzil ou le tzeltal est essentiel dans l'accueil des consultations. Il existe également au sein de l'Hôpital une école d'Infirmières dont Sr Genoveva est responsable. Le personnel est essentiellement indigène.

· La pharmacie, où sont distribués les médicaments suivant la prescription, avec des explications et conseils. C'est là aussi qu'est distribué le lait financé par SOLES : Frisolac Gold, 2 boîtes pour un mois ;

· 6 salles de consultation externe;

· Un laboratoire, avec un chimiste et deux techniciens, qui effectuent sur place prises de sang , analyses, hématologie, électrolyse et cultures bactériologiques.

· Une salle pour les échographies,

· Une salle de garde pour les Médecins,

· Un espace de chirurgie avec deux chirurgiens

· Une salle d'accouchement et une salle de repos. Le projet de l'Hôpital est de promouvoir un accouchement assis pour un accouchement humanisé.

· Le secteur pédiatrie, avec deux couveuses, un lit radiant et 4 petits lits ; une autre salle pour les plus grands. Le plus souvent, les enfants souffrent de diarrhées importantes et de déshydratation.

· Le secteur de médecine interne et de chirurgie interne ; les hommes et les femmes viennent ici avec leur famille qui est hébergée à la « posada » jusqu'à la sortie du patient.

· L'unité tuberculose, avec 6 chambres isolées pour les maladies contagieuses. Soeur Edith, responsable de ce secteur, nous fait part de ses préoccupations :sa réserve est de seulement 20 traitements et les Soeurs ont beaucoup de difficultés à obtenir médicaments et vaccins de la part du
gouvernement du Chiapas. « On ne meurt pas à l'Hôpital »: les indigènes veulent mourir chez eux dans leur Communauté.

Les Soeurs nous disent qu'il se passe ici des choses formidables et qu'elles voient parfois de vrais miracles.

· La lingerie,
· La chapelle,
· La cantine pour les patients, leurs familles et le personnel civil.
· La Maison des Bienfaiteurs, indépendante, comportant une dizaine de chambres et une cuisine-séjour-salon accueillants. Un message de bienvenue nous y attend. Les Médecins d'organismes comme Médecins du Monde, venus pour une durée plus ou moins longue travailler à l'Hôpital y logent, ainsi que les médecins volontaires présents pour des campagnes ponctuelles d'opérations du bec-de -lièvre par exemple qui ont lieu chaque année (4 docteurs italiens, 1 mexicain, 1 américain).




LE PROGRAMME DE NUTRITION DE SOL-ES

Depuis une dizaine d'années, nous le soutenons à l'Hôpital San Carlos pour 100 enfants en danger nutritionnel.

Il consiste en une prise en charge et un suivi de l'enfant, un apport de lait et de miel selon le cas, jusqu'à ce que l'enfant ait retrouvé une courbe de croissance normale.


Entretien avec le Dr Francisco Lopez

Jeune médecin formé à Cuba, il est responsable du Programme de Nutrition.
Il reçoit une fois par mois les jeunes enfants venant parfois de très loin, avec leurs parents.
Il les intègre si besoin, au Programme, à la suite d'une consultation gratuite et complète. Il fait aussi de la prévention auprès des familles, donnant des conseils de nutrition.

Souvent l'enfant arrive dans un état de santé déplorable,(maladies infantiles, cardiopathies ou
problèmes neurologiques) et il faut commencer par le soigner. Si le Docteur détecte un problème pédiatrique sérieux, il voit avec le médecin pédiatre.


Pour lui, différents facteurs sont à l'origine de la malnutrition :
· déficience des aliments
· couverture médicale insuffisante
· problème d'hygiène et d'asepsie
· culture de l'alimentation

Les Promoteurs de santé ont déjà fait un gros travail d'éducation à l'alimentation dans les communautés, mais le processus est très lent, et le Dr Francisco se heurte au mur des coutumes ancestrales : « nos ancêtres mayas se nourrissaient uniquement de maïs et de frijoles (haricots), alors pourquoi changer ? »

A l'issue de la consultation, le Docteur donne pour le bébé jusqu'à un an, deux boîtes de lait pour un mois, et pour ceux de un à deux ans, une boîte de lait et un litre de miel.

Cette introduction du miel est nouvelle. C'est une suggestion du Dr Francisco qui nous parle de l'apport calorique supplémentaire du miel pour les enfants à partir de un an, car c'est à cet âge qu'ils entrent traditionnellement dans le diète familiale, soit 3 repas/jour, essentiellement à base de bouillie de farine de maïs, trop peu nutritive.

Nous avons trouvé très intéressante et assez facile à mettre en oeuvre cette idée du miel.

En accord avec le Bureau de SOL_ES, nous décidons donc de consacrer environ 10 % de nos envois à l'achat et l'acheminement du miel.

L'essai de cet apport calorique à base de miel est décidé pour une année ; en 2 ou 3 mois, le médecin va pouvoir voir l'évolution du poids de l'enfant.

Ce Programme de nutrition ne peut être vraiment efficace sans l'assiduité des enfants aux rendez-vous mensuels. Or, le Dr Francisco remarque un problème d'absence de certains enfants. Les parents vivent trop loin ; venir à l'hôpital pour la consultation leur coûte trop cher. Dans certains cas particuliers de pauvreté et après une enquête sociale, SOL_ES participera aux frais d'analyses et de médicaments ou même au transport de ces familles.


Entretien avec le Dr Carlos Domenech Pédiatre espagnol, il travaille à l'Hôpital depuis trois ans.
Il s'occupe aussi des ateliers de formation des Promoteurs de santé dans les communautés.

Le Chiapas est l'état qui comporte le plus de dénutrition infantile. Il est très mauvais de passer du régime alimentaire ancestral, même si celui-ci est déficitaire, aux aliments industriels, passant ainsi parfois de la malnutrition à l'obésité. C'est un choc des cultures. Ici, le Coca est moins cher que l'eau, la publicité joue un rôle très important, et le gouvernement n'a pas envie d'inverser la tendance. Il en est de même pour l'allaitement artificiel, grande stratégie pour vendre le lait européen à travers de grandes campagnes publicitaires.
A l'Hôpital San Carlos, on favorise et stimule l'allaitement maternel.
Dr Carlos est très favorable à l'introduction de miel à partir de un an, car c'est un aliment très énergétique et peu contaminant. L'idéal serait de le combiner avec des produits locaux tels que les fruits secs, le cacao …


LA COMMUNAUTE DES SOEURS


Les Soeurs nous reçoivent à bras ouverts. Certaines, connues il y a 7 ans lors du premier voyage, sont toujours là : Sr Edith, Sr Ana, Sr Amalia, souriantes malgré leurs journées de travail de 12 heures à l'HôpitaLeur vie communautaire n'a pas changé : la même simplicité, la même salle à manger avec
ses assiettes en plastique.

Elles se sont extasiées devant les sets de table aux couleurs de la Bretagne et se sont empressées de les placer sous la nappe transparente. Nous avons même partagé une soirée crêpes-far breton très
conviviale.

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